31/03/2008

Un nordiste nostalgique du marteau et de la faucille

Gilles, 40 ans, est originaire du Pas de Calais, toulousain d’adoption. C’est un communiste dans l’âme. Pour ce fils de mineur, l’identité ch’tie est indiscociable du communisme.
Il a vêcu pendant 33 ans à Grenay, près de Lens, où le maire PC Daniel Breton vient d’être réélu dès le premier tour avec 74 % des voix.
Le communisme, pour Gilles, c’est avant tout une tradition de vote familial : son paternel lui a transmis les valeurs que son propre père lui avait inculquées. « À 14 ans, mon père est descendu à la mine. À l’époque, les mineurs prenaient leurs cartes PC et CGT presque automatiquement. »
Le bassin minier, il le définit comme une terre de luttes sociales. Il est fier de la génération de son père et de ses grands-pères, qui se sont ardemment battus pour nos acquis actuels. Quelle joie, pour lui, si les jeunes d’aujourd’hui pouvaient se battre à nouveau, faire la révolution !

7428d8f9524ccf2551646609a958c530.jpg


Ce qui plait au chauffeur de poids-lourds, parti travailler à Toulouse il y a sept ans, ce sont les valeurs sociales et la notion de partage des richesses. Mais il n’est pas dupe. Le PC n’a jamais eu le pouvoir présidentiel et la réalisation de leur programme est, selon lui, peu probable en France. Une chose empêche néanmoins le parti d’être enterré : « Il continue à exercer son pouvoir grâce au PS qui a souvent besoin d’une alliance pour obtenir des voix cruciales. » Il observe le fonctionnement du vote local : « Les maires communistes étaient là par tradition, et s’ils se débrouillent pour que les habitants continuent à les apprécier, ils resteront encore quelques années. » C’est ce qu’il espère, en tout cas, car pour lui : « Si la tradition de vote communiste meurt, c’est toute une partie de notre identité qui partira avec elle. »
Depuis peu, c’est plutôt vers la LCR que penche le cœur de Gilles. « C’est toujours le communisme, mais moins traditionnel, plus dynamique. » Le fils de mineur estime que le PC s’est défait des valeurs et idéaux qui faisaient le vrai communisme : « Ils ont abandonné le drapeau emblématique du PC avec le marteau et la faucille. Le parti s’ouvre, c’est mauvais car on se retrouve avec des gens de sensibilités très différentes et on n’arrive pas à composer. »
Au fond, ce que Gilles aime dans le vote communiste, c’est ce qu’il représente, c’est l’image qu’il donne de la région. Il aime à penser que les ch’tis étaient des personnes humbles et courageuses qui se sont battues pour obtenir des droits. A chacun sa définition du ch’ti. Ce qui importe finalement, c’est la fierté d’en être un.

Les commentaires sont fermés.